Actualités

Mercredi 1er mai 2024 Manif du 1er mai réussie à Lyon! De nombreux.euses militants.es de Couleurs Palestine en tête du cortège du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien (le plus fourni et le plus dynamique de tous les groupes présents) ! Fin de manif éprouvante lorsqu'à l'arrivée place Bellecour, le groupe Palestine a été pris sans raison aucune sous une pluie de grenades lacrymogènes. La dispersion s'est effectuée au centre de la place, après une dernière adresse du Président du Collectif, saluant le sang froid des manifestants et les invitant à poursuivre leur mobilisation jusqu'au cessez le feu à Gaza et la reconnaissance des Droits élémentaires du peuple palestinien!

Une fois de plus Couleurs Palestine 69 s'est montrée à la hauteur de son engagement! Bravo et merci à tous ses Militants.es!

 

 

21 avril 2024 : communiqué du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

Nous dénonçons la répression en cours contre celles et ceux qui portent la parole de soutien aux droits du peuple palestinien

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Rassemblement du samedi 20 avril 2024

Encore un rassemblement réussi place des Terreaux avec sa fameuse fontaine rouge comme le sang des gazaouis continuellement bombardés par l'aviation israélienne! Couleurs Palestine toujours bien représentée par une quinzaine de militants.tes après 7 mois de manifestations et rassemblements hebdomadaires.

mar.

30

avril

2024

Message des étudiants du DU THÉÂTRE DE LA LIBERTÉ aux étudiants des DES ÎLOTS DE LIBÉRATION

LA JEUNESSE CONTRE L'INVASION

Les étudiants du
DU THÉÂTRE DE LA LIBERTÉ
aux étudiants des
DES ÎLOTS DE LIBÉRATION

AUX ÉTUDIANTS DE LA RÉSILIENCE ET DU COURAGE

Au cœur de l'adversité, là où les ténèbres de l'injustice s’étendent, vos voix s'élèvent comme des
signaux d'espoir, perçant l'obscurité avec une détermination inébranlable.

À chaque pas, à chaque mot prononcé, vous incarnez l'esprit de solidarité et de défi.

Vous êtes les architectes du changement, les défenseurs de la vérité et les gardiens de la liberté
dans votre pays.

Des couloirs des universités aux rues emplies de chants, vos actions font écho à la résilience d'un
peuple qui aspire à la justice et à la libération.

Votre solidarité ne connaît pas de limites, elle traverse les frontières et surmonte les clivages,
unissant les cœurs dans une lutte commune pour la dignité et l'égalité.

En tant qu'étudiants palestiniens, se formant au rythme des défis du Théâtre de la Liberté dans le
camp de réfugiés de Jénine, nous sommes émus par votre soutien inébranlable à notre cause.

Votre solidarité transcende les distances, donne vie à nos espoirs et à nos rêves d'un avenir meilleur.

Ensemble, nous nous dressons contre l'oppression, l'injustice et les forces qui cherchent à nous
faire taire.

Avec chaque manifestation, chaque acte de solidarité, nous affirmons notre humanité partagée et
notre engagement à construire un monde où la justice prévaut.

Merci, chers étudiants, pour votre détermination, votre générosité et votre soutien indéfectible.

Ensemble, nous avançons, sans nous décourager, vers un avenir où régneront la liberté et la paix.

Avec gratitude et en solidarité,

LES ÉLÈVES DU THÉÂTRE DE LA LIBERTÉ
CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE, PALESTINE
  

lun.

29

avril

2024

Article de Michel COLLON : Monsieur le président, arrêtez moi!

Nous sommes nombreux dans le monde entier à être choqués par la politique de meurtres systématiques pratiqués par Israël à Gaza mais aussi en Cisjordanie et dans les pays voisins. Et nous savons que le droit international reconnaît le droit des peuples à lutter – par tous les moyens, y compris la force - contre la violence de la colonisation. Or, depuis 1948, Israël ne cesse de voler toujours plus de territoires. Il suffit de regarder les cartes pour le constater.

Mais avec vous, c’est le monde à l’envers : après avoir tenté de bannir les manifestations, vous accusez plus de 650 personnes « d’apologie du terrorisme » parce qu’elles soutiennent le droit des Palestiniens à la résistance. Une vague d’interdictions déferle sur la France.

Je ne suis pas d’accord. C’est vous, en armant l’armée israélienne, qui pratiquez l’apologie du terrorisme. Et même du génocide puisque la Cour Internationale de Justice a enjoint au monde entier de l’empêcher. Vous violez ce prescrit et exposez la France à des poursuites internationales. Car de nombreux témoins, enquêteurs et juristes le confirment : tuer délibérément des dizaines de milliers de femmes et d’enfants, détruire systématiquement logements, écoles, hôpitaux, églises, mosquées et infrastructures, c’est bien une opération de nettoyage ethnique pour éliminer le peuple palestinien.

Vous violez la recommandation de l’Assemblée générale de l’ONU qui a proclamé en 1960 « la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes ». Vous violez l’article 4 de la Constitution française qui « garantit les expressions pluralistes des opinions ». Vous violez l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : « Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ».

Cette accusation de « terrorisme », elle fut déjà lancée à l’époque par les occupants contre Nelson Mandela. Contre le Front de Libération Nationale algérien (FLN). Contre les résistants de la Seconde Guerre mondiale. Vous voilà en très mauvaise compagnie.

Puisque vous et vos ministres prétendez criminaliser ceux qui vous rappellent les droits de l’homme fondamentaux, je vous le dis clairement : Arrêtez-moi car moi aussi je suis solidaire des peuples opprimés et je persisterai. Ou alors acceptez, enfin, le débat contradictoire. N’est-ce pas aux citoyens de se faire librement une opinion sur les responsabilités du drame humain qui se joue aujourd’hui au Moyen-Orient ? L’article 25 de la Constitution ne proclame-t-il pas que « la souveraineté réside dans le peuple » ?

Alors, arrêtez-moi ou débattez ! À vous de choisir, Monsieur le Président !

dim.

28

avril

2024

SOUTENIR LA PALESTINE EST UN DEVOIR ET NON UN CRIME

Nous dénonçons la répression en cours contre celles.ceux qui portent la parole de soutien aux droits du peuple Palestinien. En effet plusieurs militant·es et personnalités (comme Rima Hassan, Sihame Assbague, Anasse Kazib ou encore Mathilde Panot, députée et présidente de groupe parlementaire) sont convoqué·es par la police dans le cadre d’enquêtes préliminaires pour « apologie du terrorisme », Pire encore le responsable syndical CGT Jean-Paul Delescaut a été condamné à un an de prison avec sursis pour un tract sur la Palestine !

Nous affirmons notre solidarité totale avec ces militant.e.s ! Ces poursuites et condamnations interviennent dans un climat liberticide. Le journaliste Edwy Plenel parle de "maccarthysme à la française"

De nombreuses manifestations et réunions publiques en France ont été interdites parce qu’elles expriment un soutien au peuple palestinien victime de génocide. Notre collectif lui aussi en a fait les frais.

La France de Macron est la complice hypocrite de la politique génocidaire d’Israël. Elle vote à l’O.N.U pour le cessez-le-feu, elle parle "d'excès" en évoquant le massacre israélien à Gaza, elle condamne certaines exactions des colons en Cisjordanie, mais dans les faits elle continue de livrer des armes à Israël et n’a pris aucune sanction contre cet État qui commet un génocide, méprisant ainsi les recommandations de la Cour internationale de justice. De plus, la France n’a pris aucune mesure contre les soldats franco-israéliens qui participent aux exactions de l’armée israélienne.

- Solidarité totale avec les militant.e.s poursuivi.e.s ou condamné.e.ss pour une prétendue "apologie du terrorisme !

- Non à la criminalisation du soutien à la Palestine !

- Nous ne nous tairons pas ! STOP au génocide à gaza ! Palestine vivra !

 

Communiqué du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

mer.

24

avril

2024

Témoignage de Gaza : Des Gazaouis racontent l’assaut israélien de l’hôpital Al-Shifa

Des Gazaouis racontent l’assaut israélien de l’hôpital Al-Shifa : « Si on sortait, on était tués »

Le plus grand hôpital de la bande de Gaza a été entièrement détruit par une attaque israélienne et par les combats autour du centre hospitalier. Trois semaines plus tard, les Palestiniens continuent d’exhumer des corps.

Par Clothilde Mraffko (Jérusalem, envoyée spéciale)

 

Temps de lecture 7 min.

Tous les jours depuis trois semaines, Maha Souilem, une infirmière de 38 ans, se mêle aux habitants et aux secouristes qui fouillent les talus de sable dans la cour de l’hôpital Al-Shifa, au cœur de la ville de Gaza, et dans les ruines alentour. La silhouette déchirée du bâtiment principal, troué par les explosions et carbonisé, se détache dans le ciel printanier bleu azur. Maha cherche son mari.

Après quatorze jours de siège, l’armée israélienne s’est retirée de la zone le 1er avril, laissant derrière elle un paysage de dévastation et l’odeur âcre des corps en décomposition. Les Palestiniens n’en finissent pas d’exhumer des cadavres : la défense civile a indiqué au média américain NPR en avoir trouvé 381 dans et autour d’Al-Shifa. Environ 160 corps seraient encore sous les décombres des immeubles du quartier, selon les secouristes.

Un lieu de mort

Un millier d’immeubles auraient été incendiés ou endommagés aux alentours, selon le Hamas, une évaluation reprise par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). L’assaut de l’hôpital est la plus importante opération de l’armée israélienne menée dans l’enclave, depuis le début de la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Al-Shifa, qui signifie « la guérison » en arabe, est devenu un lieu de mort. Le plus grand hôpital de la bande de Gaza est aujourd’hui entièrement détruit. A distance et sur place avec l’aide d’un collaborateur, Le Monde a recueilli des témoignages de Palestiniens qui ont vécu l’assaut. La presse internationale est toujours interdite d’accès dans l’enclave par les autorités israéliennes.

Dans la cour, deux fosses communes ont été découvertes – trente cadavres en tout, certains dans un état de décomposition avancée. Douze seulement ont été identifiées ; des proches ont reconnu ici une chaussure, là un lambeau de vêtement. La semaine dernière, l’un des collègues de Maha, qui pensait que son fils avait été arrêté, l’a finalement retrouvé parmi les corps. « J’en ai été sidérée », dit l’infirmière. Depuis que leur maison avait été bombardée, elle vivait avec son époux, ambulancier, et leurs deux filles de 2 et 6 ans, dans l’hôpital Al-Shifa. Le couple s’oubliait dans le travail. « Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au service de notre peuple. »

Le 18 mars, l’attaque israélienne les a surpris, au milieu de la nuit. L’hôpital s’est mis à résonner de « coups de feu et explosions d’une intensité inouïe ». « Ils ont fait exploser la salle à côté de nous », raconte Maha. Un haut-parleur a annoncé le siège de l’établissement. « Tout le monde doit se rendre. Personne ne sort, les portails sont fermés », a répété une voix sans visage. Patients, médecins, déplacés, se cognaient dans la cohue. Ceux qui s’approchaient des fenêtres se faisaient tirer dessus.

Quand les militaires israéliens sont enfin apparus, ils ont d’abord évacué les femmes déplacées, puis le personnel de santé. Il ne faut pas s’inquiéter, leur ont-ils assuré. Sur la cinquantaine de soignants qui étaient avec elle, 35 ont été arrêtés. « C’est à ce moment-là que mon mari a disparu. Ils l’ont embarqué, l’ont déshabillé, dit Maha, la voix tremblante. Je ne sais rien de lui, s’il a été détenu, exécuté, s’il est enterré… Je ne sais pas où il est. » Parmi les quinze membres du personnel restés avec elle, les soldats « en ont fait sortir quatre ». « Ils les ont laissés s’éloigner, et on a entendu des coups de feu », se souvient-elle.

Arrêté et violemment battu

Ses collègues ont retrouvé la trace deux d’entre eux à l’hôpital Al-Ahli. Pour les deux autres, personne ne sait. Le directeur du centre d’urgence sanitaire d’Al-Shifa, Moatassem Saleh, a indiqué au Monde avoir perdu la trace de quarante-deux soignants. Au moins quatre membres du personnel de l’hôpital ont été tués, parmi eux, le chirurgien plastique Ahmed Al-Maqdameh. La mère de ce dernier, Yousra, médecin, a également été retrouvée morte.

Taha Marzouq, qui travaillait dans le département de radiologie au moment de l’assaut, a plusieurs fois pensé qu’il allait y mourir. « Le 18 mars est le pire jour de ma vie. C’était la première fois que je voyais des chars, des Jeep, des soldats israéliens », se souvient-il. Le soignant, âgé de 33 ans, est arrêté, détenu deux jours, en sous-vêtements, les yeux bandés. Il dit avoir été violemment battu par les soldats israéliens et les avoir vus frapper des patients. Il goûte un semblant de joie quand les militaires lui retirent ses entraves ; il va quitter l’hôpital – l’enfer. « Là, explique-t-il, je suis sorti. J’ai alors vu des cadavres qui gisaient sur le sol. Parmi eux, il y avait le corps de mon collègue, le docteur Mohammed Al-Nounou. J’étais dévasté. »

L’armée israélienne avait déjà mené une large attaque contre l’hôpital Al-Shifa, en novembre 2023. Depuis, l’établissement n’était plus que partiellement opérationnel. Les militaires accusent le Hamas d’y avoir installé une base militaire – ce que nie le mouvement islamiste. L’armée a diffusé, début avril des images d’un tunnel, de « grandes quantités » d’armes saisies, ainsi que d’importantes sommes en liquide ou des documents retraçant des réunions du mouvement islamiste palestinien au sein d’Al-Shifa, autour de questions de gestion et de paie de militants.

Du 18 mars au 1er avril, les forces israéliennes et les combattants palestiniens se sont affrontés, dans et autour de l’hôpital. Les militaires revendiquent avoir tué 200 hommes armés gazaouis, dont des cadres du Hamas et du Jihad islamique, et en avoir arrêté 500 autres. Aux questions précises du Monde concernant les morts de civils, les forces israéliennes ont renvoyé au communiqué publié après leur retrait, le 1er avril. Il y est affirmé que le combat a été « engagé en évitant de blesser le personnel médical et les patients ». L’armée assure avoir mené une« opération précise ». Aucun des soignants ayant témoigné n’a été pris dans des échanges de tirs entre Palestiniens et Israéliens. Les soldats ont en outre montré des images de ravitaillement de l’hôpital et des équipes préparant des lits pour les malades ; les soignants affirment pourtant avoir eu faim et ne pas avoir reçu les médicaments nécessaires. L’ONU n’a pas été autorisée à apporter de l’aide.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 21 patients morts faute de soins, lors de l’opération militaire. Le 5 avril, après six tentatives infructueuses, l’ONU a pu faire parvenir une mission dans l’hôpital ; l’équipe a « vu au moins cinq corps partiellement recouverts sur le sol, exposés à la chaleur. La sauvegarde de la dignité, même dans la mort, est un acte d’humanité indispensable », rapportait un communiqué de l’OMS. Un employé de l’OCHA raconte avoir dû, avec ses collègues, ramasser des« corps sur le bord de la route ». 

Des corps déchiquetés

En étudiant une partie des dépouilles mortelles retrouvées, le ministère de la santé a identifié une large part de patients, certains corps arborant encore des bandages ou des cathéters, rapporte M. Saleh. « Des traces de blessure par balle étaient visibles sur certains cadavres, uniquement vêtus de leurs sous-vêtements », poursuit-il, suggérant de possibles exécutions sommaires. D’autres corps, enfin, ont été retrouvés déchiquetés, plusieurs morceaux éparpillés – certains probablement en partie dévorés par les chiens ou profanés par les lames des bulldozers qui ont labouré la cour d’Al-Shifa.

Trois semaines après l’attaque, Amira Al-Safadi se réveille souvent avec l’impression d’être « encore là-bas ». « J’entends les voix des soldats, le bruit des chars, des missiles, des explosions »,raconte-t-elle. Cette femme, médecin volontaire de 26 ans, se souvient avoir eu faim et surtout très soif. Ils étaient assiégés. Vers la fin du siège, dit-elle : « Seize patients sont morts. Pendant quatre jours, on a dû dormir avec les corps : l’armée ne nous a pas laissés les sortir ni les enterrer. »

Le quotidien est gouverné par l’incertitude et la peur : l’hôpital est plongé dans le noir, les soldats changent les instructions, il faut transporter les patients d’un département à l’autre et, à chaque déplacement, se faire fouiller. « Tous ceux qui bougeaient ou avançaient [sans en avoir reçu l’ordre] se faisaient tirer dessus », se rappelle la docteure Al-Safadi. Elle accuse les soldats de s’être servis de certains soignants « comme de boucliers humains ». « Ils demandaient aux infirmiers de rentrer dans certains endroits et de fouiller, tandis qu’ils restaient derrière eux », poursuit-elle.

Autour de l’hôpital, les habitants racontent les mêmes scènes de siège, d’une rare brutalité. La plupart étaient déjà des déplacés : leur maison avait été bombardée, et ils s’étaient installés non loin d’Al-Shifa, se croyant protégés. La femme de Mohammed Abou Sidou, enseignant de 31 ans, venait d’accoucher, elle avait dû subir une opération. Leur fils avait 5 jours quand l’armée a attaqué. La jeune mère s’est mise à saigner abondamment. Le bâtiment où ils vivaient a été partiellement détruit par des tirs d’artillerie – eux n’ont été que légèrement blessés par des éclats de verre. Tout autour, la plupart des immeubles ont été détruits ou incendiés. Les maisons se sont effondrées sur leurs occupants. Les équipes de la défense civile n’ont pas assez d’équipements pour retrouver les corps prisonniers des gravats.

« J’entendais les cris »

« J’ai vu que la maison de mon voisin était en flammes, et je n’ai pas pu ouvrir la fenêtre ni intervenir, raconte M. Sidou, qui demeure hanté par ces images. Les gens blessés mouraient dans la rue, et je ne pouvais pas descendre, ne serait-ce que sur le seuil de la maison. J’entendais les cris des femmes, des enfants, des voisins. Si on sortait, on était tués à notre tour, même ceux qui se tenaient juste à leur fenêtre. »

Saadia Abou Elnada se souvient surtout du bruit des explosions et des tirs incessants, si proches. Elle habite dans la rue principale, en face de l’hôpital Al-Shifa. Avec son mari, ses enfants et ses petits-enfants, ils se sont retrouvés à dix, terrés dans une pièce.« On mettait des couvertures et des cartons aux fenêtres, de peur que, voyant de la lumière, [les soldats] se mettent à tirer, raconte la mère de famille au visage émacié et anxieux. Ils tiraient au hasard. On étouffait avec l’odeur des explosions et des incendies tout autour. » La famille survit en faisait bouillir de l’eau salée et en mangeant du zaatar, un mélange d’épices. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus de pain. Depuis l’assaut, les enfants mouillent leur lit la nuit. « Ils crient, pleurent, ont peur d’aller aux toilettes, se désole-t-elle. On est tous extrêmement abattus. »

Elle s’interrompt soudain, se corrige : « On dit les “environs d’Al-Shifa”, mais il n’y a plus d’Al-Shifa ni de quartier autour. » En dévastant ce district, en plein cœur de la ville de Gaza, l’armée israélienne a réduit à néant cette institution opérant depuis 1946 : un hôpital de 750 lits, où naissaient plus de 2 000 enfants chaque mois, avant le 7 octobre. Al-Shifa était le cœur du système de santé gazaoui, qui, visé par des attaques israéliennes, s’est effondré depuis des mois. Des générations de médecins s’étaient formées dans cet hôpital universitaire. Sa destruction oblitère encore un peu plus le futur de Gaza.

 

Clothilde Mraffko (Jérusalem, envoyée spéciale)

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lun.

22

avril

2024

Aider Israël à rompre avec ses démons

(article de Denis Sieffert du 16 avril 2024 paru dans la revue Politis)

https://www.politis.fr/articles/2024/04/aider-israel-a-rompre-avec-ses-demons/

 

Le conflit avec l’Iran le souligne : les dirigeants israéliens n’ont jamais assez de guerres à leur agenda. C’est leur raison de survivre, mais certainement pas celle d’Israël. Les assassins de Rabin sont aujourd’hui au pouvoir : ils font d’Israël un État paria.

 

Entre gens de bonne compagnie, l’affaire s’arrêterait là. Mais les dirigeants actuels d’Israël n’ont jamais assez de guerres à leur agenda. Au nord le Hezbollah, au sud le massacre des Gazaouis, à l’est des pogroms dans les villages de Cisjordanie. Et pourquoi pas une guerre apocalyptique avec l’Iran ? C’est leur raison de survivre, mais certainement pas celle d’Israël. Si la paix venait à s’installer, ils seraient comme des cyclistes qui s’arrêteraient de pédaler. Il n’y a donc rien d’autre à attendre dans le conflit avec la République islamique qu’un nouveau pas vers l’abîme. La gravité de l’attaque à laquelle se prépare le « cabinet de guerre » ne dépend que de la force de persuasion de Joe Biden, et des moyens logistiques dont il peut priver Israël.

 

Netanyahou est dans la main de ses alliés, colons d’extrême droite, dont dépend sa propre survie politique.

 

La séquence actuelle a commencé le 1er avril, lorsqu’Israël a commis un acte de guerre caractérisé en attaquant le consulat iranien de Damas. Cela sans susciter la moindre condamnation internationale. Dans la nuit du 13 au 14, l’Iran a fait ce qu’il ne pouvait pas ne pas faire en répliquant par une attaque spectaculaire, mais cousue de fil blanc. Israël et les États-Unis avaient été prévenus de l’heure et des moyens. Avait-on déjà vu dans l’histoire une attaque conçue pour échouer ? Le lendemain, le représentant de la mission iranienne à l’ONU s’est d’ailleurs empressé de rassurer son monde en déclarant que « l’incident était clos ».

 

On a bien compris que Téhéran avait besoin de cette opération pour laver l’affront, et plaire à ceux qui soutiennent encore un régime honni. Avec cette demi-mesure, l’Iran a voulu déjouer le piège tendu par Netanyahou. Car l’hypothèse du piège est crédible. Le Premier ministre israélien aurait voulu provoquer une réaction iranienne, qui légitimerait en retour une offensive de grande envergure, qu’il n’aurait pas agi différemment. L’heure est-elle venue ? On se déchire sur le sujet au sein du gouvernement israélien. Washington, Londres, Paris freinent des quatre fers.

 

Mais la logique de Netanyahou répond à des impératifs qui ont peu de rapports avec la géopolitique. Il est dans la main de ses alliés, colons d’extrême droite, dont dépend sa propre survie politique. Et ceux-là trouveraient avantage à un chaos qui leur permettrait d’anéantir toute résistance palestinienne, et de s’approprier la Cisjordanie. Ils rêvent d’une deuxième Nakba qui parachèverait la première, celle de 1948 qui a poussé huit cent mille Palestiniens à l’exil. Les colons ne perdent d’ailleurs pas de temps. Comme leurs ancêtres en 1948, ils brûlent des maisons et ravagent des villages dans les territoires palestiniens, pendant que nous regardons les drones iraniens s’écraser dans le désert du Néguev. Il s’agit aussi pour Netanyahou de détourner l’attention de Gaza, où son armée s’inscrit dans la sinistre tradition de la guerre coloniale, sans foi ni loi. On est frappé par la continuité de l’histoire.

Depuis soixante-seize ans qu’il existe, Israël vit dans une perpétuelle angoisse existentielle. Souvent instrumentalisée, parfois fondée. Mais à qui la faute ? Comment font ses dirigeants pour produire parmi les peuples alentour, et même un peu partout dans le monde, une hostilité qui est aujourd’hui à son comble ? Pas besoin d’être grand clerc pour trouver la réponse. Tout part et tout ramène toujours à l’irrésolution de la question palestinienne. On ne peut pas martyriser tout un peuple depuis près de quatre-vingts ans, le discriminer, le massacrer dès qu’il bouge, favoriser ce qu’il y a de pire en lui – le Hamas –, le priver du moindre espoir, sans générer un état d’insécurité permanent. Le tout alimenté par une propagande qui oscille entre un racisme anti-arabe décomplexé et un déni couvrant d’ignorance et de mépris le sort des Palestiniens.

ven.

19

avril

2024

La loi de la peur : texte de Mahmoud Darwich

texte de Mahmoud Darwich... (les derniers poèmes).

 

La loi de la peur

L’assassin regarde sans remords le fantôme de la victime, non ses yeux. Il dit à ceux qui l’entourent : Ne me blâmez pas, j’ai peur. J’ai tué parce que j’ai peur et je tuerai encore. Certains spectateurs entraînés à préférer l’analyse psychologique aux fondements de la justice disent : Il ne fait que se défendre. D’autres, admiratifs de la supériorité du progrès sur l’éthique, disent : La justice n’est que ce qui déborde de la générosité de la force. A la victime de s’excuser auprès de son assassin du traumatisme qu’elle lui a causé ! D’autres encore, spécialistes de la distinction entre le réel et la vie, disent : Si un tel incident banal était survenu ailleurs que sur cette Terre sainte, la victime aurait-elle acquis nom et célébrité ? Allons donc réconforter celui qui a peur. Et, alors qu’ils partent en procession de sympathie avec le tueur apeuré, des touristes étrangers passant par là leur demandent : Mais quelle est la faute de l’enfant ? Ils leur répondent : Il grandira et fera peur au fils de l’assassin. Quelle est la faute de la femme ? Ils répondent : Elle enfantera une mémoire. Quelle est la faute de l’arbre ? Et ils disent : Un oiseau vert en sortira. Puis ils se mettent à scander : La peur, non la justice, est le fondement du royaume. Le fantôme de la victime leur apparaît alors dans un ciel limpide, ils lui tirent dessus et, ne voyant pas une goutte de sang couler..., ils prennent peur !

 

 

jeu.

18

avril

2024

Le Monde : Un soldat franco-israélien visé par une première plainte pour « actes de torture »

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/16/un-soldat-franco-israelien-vise-par-une-premiere-plainte-pour-actes-de-torture-a-l-encontre-de-palestiniens_6228128_3210.html
 

 

 

 

 

Un soldat franco-israélien visé par une première plainte pour « actes de torture » à l’encontre de Palestiniens

Après la diffusion d’une vidéo diffusée à la fin de février par un proche du soldat sur les réseaux sociaux qui mettait en scène des prisonniers palestiniens violentés, trois associations ont porté plainte devant la justice française.

Par Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) et Madjid Zerrouky

 

Publié hier à 11h00, modifié hier à 17h31

 

 

 

Une plainte pour torture visant Y. O., un soldat franco-israélien, a été adressée mardi 16 avril au procureur général de Paris. L’homme est « actuellement au service de l’armée israélienne », énonce la plainte « contre X » déposée par Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon, au nom de trois associations : l’Association des Palestiniens de France -Al Jaliya, Justice et droits sans frontières (JDSF) et le Mouvement du 30 mars, basé à Bruxelles. Les plaignants reprochent à Y. O. d’avoir commis un crime de guerre par « actes de torture » dans le contexte d’une « attaque militaire génocidaire ».

 

Fin février, dans une vidéo de cinquante-huit secondes réalisée par le militaire et diffusée sur la messagerie Telegram, on peut voir un prisonnier dans une combinaison blanche, les yeux bandés et les poignets attachés dans le dos. Il essaie de descendre d’un camion. Le soldat de l’armée israélienne commente la scène qu’il filme lui-même : « Tu as vu ces enculés, mon neveu, ces fils de putain. Allez descends, fils de pute… sur les pierres… Là, enculé de ta mère… » Le prisonnier descend du camion. « Tu as vu ce fils de putain. Là, regarde, il s’est pissé dessus. Regarde, je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, regarde ! » Le prisonnier est maintenant dos à la caméra. « Ils l’ont torturé pour le faire parler. Tu as vu son dos. »

Dans la séquence suivante, des détenus sont assis par terre. « Ah, fils de putain, continue l’auteur de la vidéo. Fermez vos gueules, bande de salopes. Ah, vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes. » Selon la plainte, les prisonniers sont transférés vers une prison israélienne qualifiée de « secrète ». Dans une troisième séquence, on les voit dans un autobus. « Ils sont soumis à cette torture bien connue de l’armée israélienne, écrivent les avocats dans leur plainte, [qui leur impose] des heures durant une musique obsessionnelle. »

« Supériorité, mépris, provocation »

Selon les plaignants, après un interrogatoire initial, les prisonniers seraient alors « triés ». Certains sont relâchés, d’autres conduits en Israël, et « placés au secret, dans des conditions de détention inhumaines, puis jugés pour des incriminations liées au “terrorisme” par des tribunaux militaires ignorant tout droit de la défense ». L’Etat hébreu les considère comme des « combattants illégaux » et leur refuse la protection prévue par la 3e convention de Genève.

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mar.

16

avril

2024

En Palestine, Naplouse la rebelle garde la tête haute

Cet article nous a été envoyé par notre ami Hakim Sabah, directeur de l'association  Project Hope de Naplouse et qui nous a reçu lors de chacun de nos voyages. Ceux qui nous y ont accompagnés retrouverons l'atmosphère vivante,et foisonnante de cette belle ville de Naplouse.

 

Coupée du monde par les troupes d'occupation, sous la pression de nombreuses colonies, la grande ville du nord de la Cisjordanie suit de près et avec tristesse l’écrasement de la société gazouie par l’armée israélienne. Incarnant une certaine douceur de vivre mais aussi l'esprit de résistance en Palestine, Naplouse s’interroge sur les chemins de la libération. 

 

https://orientxxi.info/magazine/en-palestine-naplouse-la-rebelle-garde-la-tete-haute,7226

 

dim.

07

avril

2024

L'appel au secours des danseurs de dabké

Un appel urgent des 3 danseurs présents dans le film YALLAH GAZA et qui étaient venus en France lors de la tournée de Juin-Juillet dernier, accompagner les AVP du film. Ils ont lancé il y a plusieurs semaines des financements participatifs dont vous avez les liens ci-dessous.

 

Les sommes partielles récoltées leur ont permis provisoirement d'acheter (très cher) des toiles pour se protéger ainsi que leurs familles et un peu de nourriture pour survivre.

(Ils m’ont envoyé les preuves des travaux réalisés : structure bois et toiles de protection)

 

Les cagnottes sont toujours en ligne car ce qu'ils cherchent à faire maintenant c'est quitter l'enfer de Gaza pour aller en Egypte (cela coute très cher) pour sauver leurs vies.

 

 

Lien vers la vidéo réalisée récemment dans l’enfer de Gaza, par ces jeunes d’une dignité incroyable : https://www.facebook.com/foursan.pdt/videos/913448840239335/

 

 

 

Rappel et liens vers ces 3 campagnes de dons en cours pour nos amis danseurs de Gaza :

 

  1. Mohamed Saqer : https://gofund.me/fcf010f2  

 

  1. Mohamel Alaloul : https://gofund.me/fd4e655b

 

  1. Bashar Albelbeisi : https://gofund.me/9ad5ca0f

 

 

 

Pour rester humains tout simplement.

Vous pouvez télécharger et écouter le témoignage de Mohamed Saqer. Vous verrez des photos de Gaza, et vous entendrez son appel à l'aide sur fond de bruit incessant des drones.

Appel et témoignage audio d'un des danseurs de YALLAH GAZA
Appel et témoignage sonores sous-titrés
Fichier Audio/Vidéo MP4 12.1 MB
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ven.

29

mars

2024

Printemps des poètes

Le 21 mars dernier avait lieu une soirée poésie et musique, organisée par l'AFPS (Association France Palestine Solidarité) dans le cadre du Printemps des poètes, au RIZE, à Villeurbanne. 

Délicatesse, tristesse, émotion, peur, angoisse, autant de sensations que nous avons éprouvées en écoutant lire ces textes forts. 

 

Le temps d’une soirée, nous avons pu découvrir le langage poétique de quelques femmes palestiniennes : Fatena Al Ghorra est journaliste et poétesse, conférencière et interprète, Nathalie Handal est une poétesse franco-américaine originaire de Bethléem, Maya Abu Alhayyat est romancière, traductrice, poétesse et conteuse, elle est née à Beyrouth et vit à Jérusalem. Et d’autres encore… Leurs mots étaient mis en voix par Leyla Louet et ses lectrices, portés par la musique chaleureuse du oud. Afin que nul n’oublie que la poésie sera toujours le chant de la vie et de l’espoir, un chant de grâce !

 

Lors de cette soirée, le journal d'une jeune palestinienne nous a été lu, en alternance avec des poèmes. L'émotion était forte, les larmes jamais loin.

Les pages du journal racontent l'horreur de la guerre qui ne s'arrête jamais. Et pourtant, ces lignes n'ont pas été écrites en 2024 mais en 2000...

 

Extraits :

Mardi 17 octobre 2000

Cher Journal, 

 

Voici quatre jours que je n’ai rien pu écrire. Maux de tête, nausées, ophtalmies ont finalement pris le dessus, et je me sentais terriblement déprimée chaque fois que je m’installais devant l’ordinateur. Impossible d’écrire, impossible d’avaler la moindre nourriture, ni d’échapper à des cauchemars continuels chaque fois que j’essayais de dormir. Je rêve d’amis blessés, de sang, et de gens cherchant à s’abriter des bombes. 

Même dans le sommeil, pas d’échappatoire. 

Réveille-toi, monde ! Réveille-toi, Israël ! 

Un autre jour est passé, et personne ne croit, ni ne veut, que l’intifada prenne fin. La lutte pour la libération dure depuis de trop nombreuses années. Et durant tout ce temps, les filles sont devenues mères, et les mères sont devenues grand-mères. Elles ont enterré trop de maris, de pères et de fils. 

Combien de générations de mères en deuil seront encore perdues avant que le monde réalise qu’une occupation ne peut pas durer indéfiniment ? 

Cette fois-ci, les palestiniens en ont assez de l’agression israélienne, de la complicité américaine, des préjugés des médias occidentaux qui n’osent pas utiliser le terme de massacre dans leurs titres, ou de gouvernements arabes ineptes, qui se moquent bien de nous voir verser jusqu’à notre dernière goutte de sang. 

Bienvenue à une nouvelle journée en Palestine ! 

 

Levez-vous, souriez à une nouvelle journée d’occupation, et essayez de vous trouver une place au soleil. Si vous cherchez bien, vous la trouverez. Tout comme les verts pâturages, et la mer bleue, et l’arc-en-ciel à l’horizon. Un petit effort, et vous les trouverez. 

 

Jeudi 19 octobre 2000

Cher Journal, 

 

C’est bizarre ce qu’il vous arrive quand vous vivez ce genre de situation… quand vous ne savez pas à quel moment l’enfer va se déclencher et si vous vivez votre dernier jour ou non, prenez votre dernier repas, écrivez vos derniers mots… riez pour la dernière fois. C’est bizarre comme le temps devient alors précieux, comme il devient urgent de faire les choses au moment où vous voulez les faire. 

Pendant que j’écris, le bruit d’une violente fusillade me parvient tout proche. Je ne quitte même pas ma chaise.

Oh, comme ce bruit m’est devenu familier en trois semaines ! Trrr… tak tak tak … Trrr… tak tak tak. 

Si j’étais une fidèle de l’Islam, je prierais cinq fois par jour et je lirais le Coran. Si j’étais chrétienne, j’irais m’agenouiller à l’église, je dirais quelques prières et je lirais la Bible. Mais non croyante, je continue à mettre ma foi dans l’humanité et en sa capacité à lutter pour rendre ce monde meilleur, sans armes nucléaires, sans fusils, sans canons, sans violence, et par-dessus tout, sans oppression ni occupation d’un pays par un autre. 

 

Saigne jusqu’à la dernière goutte, Palestine, et que le monde te regarde. Saigne en rivières, fleuves et océans, Palestine. Voilà cinquante-deux ans que tu saignes, et personne ne voit ton sang couler. 

 

LES SOURIRES

 

Les sourires ont de multiples usages : 

il y a ceux qu’on distribue aux pauvres et au démunis pour cacher l’impuissance 

Tu les envoies, tête baissée, 

et tu entres, pas pressés, au café

traqué par le froid

 

Il y a ceux qui réduisent la distance

entre toi et les enfants étrangers qui ne cessent de râler

qui s’amusent des histoires, trop nombreuses, de leurs mères 

Tu leur retournes un sourire complice 

puis tu arrêtes de les écouter pour fixer les insectes volants

 

Il y en a qui se décuplent dans les épreuves , 

pudiques et inquiets, 

Ils pleuvent dans les toilettes des maisons en deuil

dans les tasses de café et l’échange des médisances 

sourires qui tâchent d’expliquer la mort.

sourires philosophiques 

qui protègent de la chute 

 

Il y a ceux qui se multiplient en amour 

sourires très flagrants

que tout le monde aperçoit, prétendant le contraire 

sourires doux aux lèvres et muscles et yeux crispés

et qui appellent à sourire

 

Il y a aussi 

ces sourires mélancoliques

que tu enveloppes dans un mouchoir 

et que tu jettes dans la poubelle la plus proche 

puis tu restes triste 

très triste 

n’osant aucun sourire. 

 

 

 

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